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Archipels | Ce sont juste des oiseaux
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Ce sont juste des oiseaux

 

Vous parlez d’un outil culturel de lutte. À quelle lutte participe ce projet Les Inouïs.2  ?

C’est vraiment une lutte citoyenne au travers de laquelle on tente de retrouver un sens que le théâtre « semble avoir perdu ». Plus exactement, on tente de proposer un spectacle ancré dans la réalité, en prise directe avec les « soucis des gens ». C’est un des rôles majeurs du théâtre et de ses praticiens. Dans la version semi-remorque, on veut ouvrir la problématique : on présente des faits et on pose la question : « Est-ce que cette chose est vraiment juste ? » Le débat qui suit la pièce invite aussi les spectateurs à prendre la parole et permet de relever des manières de penser et de mettre en lumière des contradictions. On ne vient donc pas en disant : « Voilà La solution ! » Ça ne nous intéresse absolument pas et ce n’est pas notre rôle. Par contre ouvrir le débat et tenter de pousser sur les bons boutons ça c’est un des moteurs du projet.

 

Pour ce projet en particulier, en quoi les choix formels (recours aux images documentaires, témoignages…) renforcent-t-il le propos ?

Avec ce spectacle on retrouve vraiment ce qui se passait dans le théâtre grec quand les tragédiens restituaient les guerres qui avaient cours à ce moment-là, telles des news que le peuple – riche – allait voir. Quand on fait un spectacle sur les réfugiés aujourd’hui, il me semble que l’on est dans la même dynamique si ce n’est qu’il y a une information colossale autour dont on ne peut se passer sur un plateau. Je pense que quand on parle d’ici et maintenant, de l’actualité en tout cas, le recours au documentaire est naturel.

 

La collaboration avec le secteur de l’éducation permanente et le monde associatif était-elle initiale au projet Les Inouïs.2 ?

Non, le projet est arrivé avant. Mais très vite, l’envie de rencontrer des publics non-professionnels nous a amenés, une fois la forme trouvée, à aller contacter les associations qui étaient susceptibles de soutenir et de renforcer la démarche. C’était aussi très clair dès le début qu’il allait y avoir une deuxième forme au projet qui serait beaucoup plus « conventionnelle » : c’est-à-dire un spectacle d’une heure sous chapiteau conçu cette fois pour les théâtres et les festivals. Mais assez étrangement, il se trouve que la version en semi-remorque est aussi achetée par les théâtres. Je le vois comme le signe positif que certains théâtres se rendent (enfin) compte qu’il devient nécessaire non pas uniquement de « remplir les salles » mais de retrouver un débat « politique » avec les spectateurs.

 

Comment se passent les débats après les représentations en semi-remorque ? La conscientisation souhaitée s’opère-t-elle ?

Les débats sont orientés par deux animateurs du PAC formés par le CIRé. L’équipe du T1J est là en tant qu’observatrice. Quand on nous pose des questions, on tente d’y répondre, mais la place est ici laissée à la parole du spectateur.

Quand on prend le temps de discuter et surtout d’écouter les gens, qu’ils deviennent vraiment eux-mêmes, une certaine liberté s’installe entre les animateurs du débat, les acteurs et les spectateurs. Assez étrangement, avec des mots différents et des émotions complémentaires, on retrouve des questionnements similaires chez la plupart des spectateurs – quelles que soient leurs catégories sociales. Quand on arrive à l’essentiel des peurs ou des questionnements, on arrive au même endroit. C’est très sain et c’est la plus belle surprise du travail. Une des choses qui revient sans cesse est : « Mais qu’est-ce qu’on peut faire ? » C’est vraiment une question essentielle. Il y a bien sûr beaucoup de réponses possibles, mais on a choisi de dire : « Parlez avec vos enfants, allez dans les centres à la rencontre des réfugiés et essayez d’engager un dialogue. » Les spectateurs ne sont souvent pas satisfaits par cette réponse qu’ils jugent trop simple, alors que ça commence par là. C’est un processus qu’il faut enclencher qui est la base du vivre ensemble.

admin