Belgique – Italie, démonstration des problèmes économiques européens. (M. Bessol)

Le 13 juin 2016 aura lieu le match Belgique – Italie pour le groupe E de l’Euro 2016. Cette opposition de style aura lieu au Grand Stade de Lyon. La fougue des diables rouges contre la vieille équipe de roublard d’Italie. Hazard contre Buffon. Outre l’aspect tactique qui intéressera tout passionné, on peut prendre ce match et s’en servir pour montrer certains problèmes européens. Le jeune Matteo Renzi contre l’autorité européenne bruxelloise.

Le gentil contre le méchant

Quand on parle de ce duel, on a l’impression d’avoir une opposition entre deux visions de l’Europe.  Celle des vieilles personnes travaillant pour le compte de Bruxelles où la reprise existerait en économisant le plus d’argent, et celle de l’Italie où l’on fait de nombreuses réformes pour s’en sortir. Une défense en bloc contre l’audace, le risque. On a tout de suite plus de sympathie pour Matteo Renzi et son dynamisme que pour Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne et membre du Parti populaire chrétien social. Mais même si l’Italie parait plus jeune, la cote d’un redressement italien sans austérité était à 5.5 il y a quelque temps.

On assiste à des échanges surprenant entre deux hommes puissants d’Europe. Début janvier 2016, l’homme politique italien attaque : « L’Italie n’est plus télécommandée par l’Europe ». Juncker, pour le stopper, tacle : « L’Italie est le pays qui a le plus profité de la flexibilité ». Faute. Pour essayer de calmer les protagonistes qui se ruent pour demander des explications aux autres, le président de la commission dit qu’il n’y a pas de problèmes entre les deux. On se calme et on attend la prochaine passe d’armes. Le capitaine italien se relève, il souhaite mettre en place une nouvelle stratégie. Il demande plus de souplesses, qu’on le laisse gérer la partie économique du pays et avoir moins de comptes à rendre. D’après un sondage de La Stampa, 62% des Italiens approuvent ce que Matteo Renzi dit sur l’Union Européenne. L’Italie joue en bloc, la ligne de récupération est assez haute.

Un Euro plein de surprises

Parmi les critiques faites au sein de l’Union Européenne, l’Euro. On dit que la monnaie unique ne correspond pas à tant de systèmes et de politiques différents. C’est comme si un entraineur allait de club en club en imposant le même schéma de jeu, sans faire attention aux joueurs de l’effectif. En Italie, une certaine exaspération des citoyens se fait ressentir sur la question de l’euro. La politique austéritaire de Bruxelles et de l’Europe en général ne plait pas par rapport à la liberté souhaitée en Italie.

Dans un sondage de 2014 pour les élections européennes, si l’on mettait tous les partis eurosceptiques ensemble (dont le Mouvement 5 Étoiles eurosceptique du médiatique Beppe Grillo), on obtiendrait 45,7% des suffrages. C’est le pays où l’attachement à l’Euro est le plus faible: seulement un Italien sur deux est favorable à l’Euro. Pour Renzi, l’Europe doit changer de direction et ne doit plus imposer l’austérité comme elle l’a fait avec la Grèce.

Après l’Italie, l’Europe ?

Après avoir prouvé à Bruxelles que la politique d’austérité n’était pas la seule solution en Europe à coup de réformes, Matteo Renzi souhaite gagner l’Europe. Il continue de lancer des piques à l’Union Européenne et Bruxelles en les comparant à l’orchestre du Titanic. Il décide alors de rencontrer différents dirigeants européens (dont François Hollande) pour discuter de cette nouvelle Europe. Il ne veut pas la quitter, il veut la changer. L’Italie joue la possession de l’espace médiatique. Matteo Renzi est partout dans les médias. Dès qu’un responsable européen parle, les Italiens pressent pour contre attaquer rapidement.

Qu’Athènes  soit toujours en difficulté montre une certaine faiblesse dans l’Europe. Renzi veut arrêter de jouer la défense, il veut montrer que sa tactique fonctionne. Ce qu’il souhaite, c’est jouer sur le front européen, mettre en place une action suivie et faire taire l’austérité souhaitée par d’autres. Une tactique offensive de l’Italie, enfin (Coupe du Monde 2006).

Ce qui va être intéressant dans ce duel, ce n’est pas de savoir quelle tactique va l’emporter, mais plutôt comment les deux pays, voire plus, vont réussir à s’entendre. Car il n’y aura surement pas de révolution comme le souhaite Renzi, mais plutôt un accord, avec des compromis. Junker et l’Allemagne n’abandonneront certainement pas leur position avec la puissance et l’aura qu’ils ont à travers l’Europe et le monde. L’Italie, elle, va continuer à essayer d’influencer d’autres pays pour les rallier à sa cause. Mais finalement, ce sera surement un match nul entre les deux pays où l’on regardera les stats et on dira que l’Italie avait plus de tirs cadrés, mais pas assez d’efficacité contre un cador européen.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *