Pologne – Ukraine : Un but à défendre

Ce soir, se rencontre la Pologne et l’Ukraine, le face à face s’annonce difficile pour des ukrainiens fragiles et fatigués contre des polonais déterminés et impassibles…

Après le coup d’envoi, les ukrainiens vont tenter de se battre pour faire passer le ballon derrière la ligne d’en-but polonaise, mais les polonais sont déterminés à empêcher que cela se produise. Ils sont entrainés pour parer à toutes éventualités. En cas d’attaque, ils se replieront dans leur camp et resserreront leur ligne de défense pour barrer la route aux attaquants adverses.

Jusqu’ici rien d’anormal me direz-vous, c’est le but du jeu, de défendre sa surface de réparation. Là, où cela devient un peu plus problématique, c’est quand la même tactique est utilisée en dehors du terrain de football, que le ballon est remplacé par une population en exil et les défenseurs polonais par des garde- frontières.

En effet, on retrouve ce problème dans la situation géopolitique actuelle, avec d’un côté, une population ukrainienne fuyant les zones de combat ou une situation économique précaire et de l’autre, des polonais plus nationalistes que jamais, catégoriquement opposés à l’accueil de réfugiés depuis les attentats de Bruxelles de mars dernier.

Il est évident, que les attentats de mars dernier ont servis de prétexte au gouvernement nationaliste polonais pour fermer ses frontières aux migrants. Ils ont également relancé la monté des mouvements nationalistes dans tout le pays. Ce qui a encouragé la Pologne et  son  parti  conservateur  Droit  et  Justice (PiS) à tenter de faire voter des lois controversés, comme par exemple, la loi contre l’avortement qui vendrait purement et simplement retirer aux femmes leur droit de se faire avorter.

 

La Pologne, un gouvernement ultra-conservateur qui fait débat :

 

En janvier dernier, la commission européenne a demandé des explications au gouvernement polonais concernant les mesures autoritaires mise en place depuis l’élection Beata Szydlo, membre de  la droite eurosceptique, au législative de l’automne 2015.

En effet, ce nouveau gouvernement a commencé son mandat en investissant les bureaux des dirigeants des services secrets polonais, puis en plaçant, discrètement, des hommes du parti PiS au Tribunal constitutionnel, sans respecter aucune procédure démocratique. De plus, souhaitant avoir la mainmise sur les médias audiovisuels du pays, ils récupérèrent donc les chaines publiques, les renommèrent « médias nationaux » et les placèrent sous l’autorité du ministre du trésor.

Ces actions nous rappellent singulièrement la mise en place de partis totalitaires du siècle dernier. Ainsi, le gouvernement conservateur polonais montre très clairement son intention d’exercer un pouvoir absolu et c’est précisément ce qui inquiète les autorités européennes.

Ce modèle leur rappelle la politique nationaliste hongroise qui a menée l’Europe à une situation de blocage entre le gouvernement Hongrois et la commission européenne. Il semblerait que la Pologne  ait décidé de prend exemple sur ses voisins et de les suivre dans cette voix nationaliste, en fermant ses frontières et remettant en cause le pouvoir européen. Et c’est exactement ce qu’a souhaité prévenir l’Union Européenne en janvier dernier, en rappelant à l’ordre le gouvernement polonais.

 

Des milliers nationalistes ont manifesté contre les migrants, dimanche, dans les rues de Varsovie le 11 Novembre 2015

Une Ukraine faible et instable :

Arseni Latseniouk, l’ex-premier ministre ukrainien, a posé sa démission en avril dernier, suite à une forte chute de popularité. Elle s’explique par de nombreuses affaires de corruptions révélées au sein du gouvernement durant ses deux années au pouvoir. Les ukrainiens se plaignent de voir, leur pouvoir d’achat et leur niveau de vie baisser considérablement, alors que de leur côté, les politiciens se remplissent les poches de généreux pots de vin. Cette démission révèle la fragilité du pays, aujourd’hui, sur un plan politique.

Mais l’Ukraine rencontre aussi des difficultés économiques depuis plusieurs années, et ce n’est pas le refus de l’accord économique avec l’EU, voté aux Pays-Bas, en avril dernier, qui va arranger les affaires de l’Ukraine. Bien au contraire, cela l’oblige à échanger davantage avec son principal bourreau : la Russie.

Oui, parce que même si les médias d’aujourd’hui, décident de faire l’impasse sur les informations relatives à la guerre civile ukrainienne, elle est toujours belle et bien d’actualité. Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie et malgré le cessé le feu en vigueur, les séparatistes pro-russes, financés et armés par la Russie, continuent d’affronter régulièrement les forces ukrainiennes à l’est du pays. Ce conflit est non seulement la cause de l’effondrement économique de l’Ukraine, mais est également à l’origine de la vague migratoire des populations ukrainiennes vers l’ouest de l’Europe.

C’est donc une Ukraine bien affaiblie que nous allons retrouver ce soir. En espérant qu’elle réussisse à se relever des attaques infligées par les russes et qu’elle trouve la force de passer la ligne de défense polonais afin qu’elle puisse, au moins ce soir, savourer la victoire.

 

Sources :

http://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/le-kremlin-annonce-le- rattachement-de-la-crimee-a-la-russie-a-compter-d-aujourd-hui_555291.html

http://www.lejdd.fr/International/Europe/Ukraine-un-an-apres-le-debut-de-la-guerre-le-bilan-726838

http://journalmetro.com/monde/945760/pologne-marche-contre-une-loi-anti-avortement/

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/12/31/la-pologne-adopte-une-loi-donnant-a-l-executif-plus- de-controle-sur-les-medias-publics_4839962_3214.html

http://www.rfi.fr/europe/20160323-pologne-attentats-bruxelles-migrants-refugies-union-europeenne

http://www.rfi.fr/europe/20160410-pologne-manifestation-nationalistes-contre-migrants-varsovie

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