Italie/Suède : le combat des clichés (a.reho)

THÈME : Les stéréotypes comportementaux

Parfois, les coïncidences nous offrent d’excellentes opportunités d’évoquer des sujets auxquels on ne pense pas toujours. Bientôt, comme vous le savez certainement déjà (ou pas), c’est le retour de l’UEFA. Il s’est avéré, l’autre soir, à la vue du calendrier des phases de poule, que mon inspiration d’écriture s’est soudainement mise en route. Pourquoi ? Parce que cette année, l’UEFA nous régale. Comprenez, vous êtes un journaliste, et on vous met sur la table des matchs tels que Italie-Suède, Autriche-Hongrie, Belgique-Suisse. Comment résister à la tentation de mettre en relation ces affiches sportives avec les événements qui secouent l’Europe depuis plusieurs mois ? Dans le cadre de notre thème du jour : les stéréotypes, nous allons pouvoir évoquer différents points. Laissez-moi les mettre en place dans ma tête, il y en a beaucoup. Attendez. Voilà, on va pouvoir commencer.

Cet article va notamment s’articuler autour du match Italie-Suède. Deux pays fascinants, surtout quand on les rapproche et quand on les compare. Vous, lecteur, si je vous dis « Italie, Suède, stéréotypes », que me dites-vous ? Hmm, oui ? Évidemment, la pasta della mamma, la pizza et la mafia pour l’Italie ; le poisson, le froid et les grandes blondes pour la Suède. Certains de ces points relèvent effectivement du stéréotype, d’autres en revanche relèvent plutôt de l’idée reçue (l’idée reçue étant fausse, le stéréotype étant une exagération du vrai). Par où commencer ?

Personnellement, ce que je remarque en premier, c’est la différence de comportement entre les italiens et les suédois. En effet, les italiens ont tendance à avoir le sang chaud, tandis que les suédois ont une maîtrise de soi et un sang-froid légendaire. Impossible de ne pas faire le lien avec la météo moyenne de ces deux régions géographiques : la chaleur écrasante du sud de l’Italie avec les plaines venteuses et les étendus froides des presqu’îles suédoises. Pour avoir fréquenté des amis des deux origines, j’avais tendance à dire que ces stéréotypes (s’ils en sont) sont vrais, mais une fois que je m’y suis rendu, j’ai compris la raison de l’existence de ces idées. Imaginons. Nous sommes dans une cuisine, autour d’une table, et nous lançons un débat en compagnie d’un italien et d’un suédois. En fonction du thème, l’italien aura tendance à exposer SON avis en premier et à sortir tous les arguments du monde pour montrer qu’il a raison (sans faire de généralité, bien entendu, ceci n’est pas un article qui traite de comportement sociologique), tandis que le suédois attendra patiemment que l’italien ait fini son argumentaire tout en cherchant à comprendre POURQUOI il pense comme ceci, avant d’exposer ses idées à lui. Toute la différence comportementale italo-suédoise réside ici, dans l’envie de s’imposer dans un débat. Mais ce n’est pas tout : si l’italien hausse le ton car le suédois ne daigne pas concevoir l’idée qu’il expose et qu’il arrive à avoir le dernier mot, il croira dur comme fer avoir « gagné », tandis que le suédois aura l’impression du contraire tout en laissant l’italien dans son impression de victoire, humblement.

J’ai naturellement commencé cette comparaison par ce qui m’a le plus marqué personnellement entre ces deux mentalités. Cependant, ce n’était que le coup d’envoi. La confrontation italo-suédoise n’en est qu’à sa première mi-temps.

Comme il est bien entendu hors de question ici de glorifier un pays plutôt qu’un autre, rééquilibrons la balance. Les italiens sont connus notamment pour leur accueil et leur côté chaleureux, bon vivant. Il est très fréquent qu’un italien, pour apprendre à vous connaître, vous pose des questions non pas intimes, mais va droit au but pour faire partie au plus vite des gens qui vous connaissent. De plus, l’amitié et la confiance sont deux valeurs auxquelles l’italien attache beaucoup d’importance. Quant au suédois, il vous faudra être moins pressé et aimer les tournures “autour du pot”. Le suédois moyen aura tendance à être plutôt timide dans les discussions, sans trop parler de sa vie privée, et trouvera donc ça déplacé de parler de la vôtre. À Stockholm, notamment, l’étiquette se veut plus distinguée. On ne parle pas trop fort et on n’exprime pas trop son avis en public. Enfin… tout dépend de la personne que vous êtes. En effet, le rapport aux personnes peut radicalement changer d’une région à l’autre. On dit beaucoup de choses sur les italiens concernant la place de la femme dans la société, beaucoup de choses aujourd’hui erronées grâce à la modernisation de la société mais, il n’empêche que des restes de sexisme peuvent encore sévir (et pas qu’en Italie). En suède, le sexisme est un mot que la population connaît et utilise à peine, en raison de son inexistence. La suédoise est une femme forte qui a sa place dans la société et qui possède du pouvoir jusque dans les plus hautes sphères. Serait-ce dû à la reine ? Le rapport aux enfants n’est pas le même non plus. D’un côté, l’italien aura tendance à vouloir que son enfant grandisse non pas « à la dur » mais en affrontant les obstacles lui-même afin qu’il ait une véritable notion du travail et de l’effort, tandis que de l’autre côté, l’enfant suédois est un petit roi, et ce jusqu’à qu’il quitte la maison pour faire ses études.

Malgré toutes ces différences, permettez-moi d’ajouter un détail qui (je l’espère) rassemblera ces deux nations. Moi-même passionné de langues étrangères depuis de nombreuses années, j’ai appris que le langage parlé par quelqu’un joue énormément sur sa façon de penser. Bien que de racines linguistiques différentes, l’italien et le suédois font partie des langues indo-européennes et possèdent donc une grammaire relativement similaire à la nôtre. Conjugaison simple (voire inexistante pour le suédois), prononciation accessible, système verbal et syntaxique identique. Quand on prête l’oreille, tous deux sont des langages chantant, tous deux exposent une mentalité de fierté, d’union, de richesse culturelle. On peut même parfois ressentir la chaleur du soleil Méditerranéen ou la brise de la mer Baltique.

Pour finir sur une note footballistique, rappelons que nos deux pays ont un sens très commun, celui qui rassemble : le sens de la troisième mi-temps. Restons unis dans le sport pour l’être ensuite dans la vie.

Grazie per mi aver letto, tack för läsning, merci de m’avoir lu.

Alexandre REHO