Angleterre / Russie (S. Salton)

Lorsque le thé rencontre la vodka

Deux des pays les moins européens de l’Euro 2016 se confronteront le samedi 11 juin au stade Vélodrome de Marseille. Les compteurs sont remis à zéro après les éliminatoires de 2008, lorsque la Russie avait évincé l’Angleterre aux portes de ce dernier. Avant de se confronter sur le terrain, comparons ces pays que tout oppose dans un match sans pitié. Style de vie, cuisine, éducation : tout sera analysé pour les départager. Mais d’abord mettons fin aux clichés !

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(source : Real Russia, chaine Youtube)

Car “Il ne faut pas brûler la peau de l’ours avant de l’avoir vendue.” comme l’aurait dit Abdeslam Ouaddou après la victoire de Rennes face à Auxerre en 2005. Les stéréotypes ne manquent pas lorsque l’on parle des anglais ou des russes : quand l’un raconte une blague satirique autour d’une tasse de thé, l’autre, espion surentraîné, offre à son enfant de 8 ans sa première kalachnikov. Deux pays avec des caractères bien différents, certes, mais peut-être pas aussi caricaturaux.

1ère mi-temps : vie sociale

Dès le début du match, la Russie se démarque de façon inattendue. Citoyens hostiles aux premiers abords, les russes sont perçus pour ce qui ne les qualifie pas. Ils sont dévoués et donnent sans compter. Vivre en Russie n’est pas facile. La crise du Rouble de 2014 a appauvri le pays et il est difficile de s’y loger. Désormais, il n’est pas rare de trouver plusieurs générations sous un même toit. Et pourtant, malgré ces conditions, accueillir un ami ne leur posera aucun souci. Pour eux, la place de la famille est importante, et la grand-mère « Babouchka » en est le pilier central. Tout tourne autour des enfants, les mères seraient qualifiées de « mères poules » en France.

L’Angleterre opte pour une approche plus défensive car il est difficile d’entrer dans leur cercle privé. De nature réservée, Il est rare d’inviter un ami à boire un verre et encore moins de l’inviter chez soi. Aux week-ends, ils privilégient la famille aux amis. Les anglais restent très accueillants et sont réputés pour leur grande politesse et leur optimisme. Le cliché de l’humour anglais peut se confirmer mais après tout, on apprécie tous un peu « Monty Python ».

Mi-temps : Traditions insolites

C’est l’heure de récupérer, de se détendre, un peu de légèreté et regardons lequel de ces deux pays a les traditions/coutumes les plus … étranges.

On ne peut échapper au cliché russe et à la traditionnelle Vodka. Car boire est devenu un rituel ! Ici on ne casse pas les verres mais on les boit. La Vodka se boit congelée et interdiction de reposer son verre à moitié rempli sur la table : c’est cul-sec ou rien. Quant à la bouteille, si elle est vide sa place n’est plus la bienvenue à table, elle se repose à sa place la plus utile, par terre. Concernant les coutumes à adopter, la tradition veut qu’il ne faut jamais venir les mains vides lorsque l’on est invité. Ces politesses mises à part, il reste quelques rites pour le moins insolites à citer. Avant de faire un long voyage en voiture il n’est pas rare que des proches s’asseyent sur la route durant quelques secondes dans le but de porter chance au voyageur.

De plus, il ne faut jamais siffler dans une maison, cela signifie que le foyer n’aura jamais de rentrée d’argent. Oui étrange, mais à côté de l’Angleterre et notamment avec ses rituels royaux, les russes sont de petits joueurs !

Barack Obama en a fait les frais en 2011. Inviter à diner au côté de la Reine, il continua son discours pendant le God Save The Queen, ce fut perçu comme irrespectueux. Les traditions royales sont nombreuses et les histoires qui les entourent le sont également. Une des plus étranges serait celle des 6 corbeaux. « Si les corbeaux s’en vont, la Couronne tombera, et l’Angleterre avec elle » aurait dit un courtisan à Charles II. Depuis ce jour, 6 corbeaux vivent constamment dans la tour de Londres et sont considérés comme soldats de la Nation! La famille royale doit avoir quelques soucis avec les oiseaux puisque une autre coutume veut que durant le mois de juillet, un recensement de cygnes, appelé « Swan upping », soit fait. Oui vous avez bien lu ! La tradition remonte au XIIe siècle, lorsque la reine de l’époque se serait proclamée propriétaire des cygnes muets, ceux qui ne migrent pas. Durant la cérémonie, un uniforme traditionnel est porté par les rameurs et lorsqu’ils passent devant le château du Windsor, ils se mettent à saluer en disant : « Her Majesty the Queen, Seigneur of the Swans » (Sa Majesté la Reine, Seigneur des Cygnes).

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(source : theguardian.com )

2ème mi-temps : éducation

Après une courte pause le match reprend de plus belle. La Russie comme l’Angleterre, ont une organisation semblable au modèle français avec différents cycles et possibilités en fonction du niveau de l’élève : sur ce point match nul. A la fin de celui-ci les élèves passent un examen appelé ЕГЭ équivalent au baccalauréat français en Russie. Mais c’est un carton rouge que reçoit la Russie avec son service militaire obligatoire impitoyable. Nos amis russes ont quelques petits détails à revoir sur leur mode de fonctionnement. Les morts durant un bizutage sont nombreuses, couvertes par en « accidents » ou « suicides ». La tradition d’excellence universitaire se perd et les meilleurs scientifiques quittent le pays car leur salaire est misérable. Malgré tout, la Russie obtient un taux d’alphabétisation de 99,5% ce qui fait de lui l’un des pays les plus alphabétisés du monde.

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(source : beijingabode.com )

L’Angleterre prend l’avantage avec un système éducatif plus détendu. A la différence de la France, l’Angleterre fait passer un examen appelé General Certificate of Secondary Education (GCSE) à l’âge de 16 ans environ à ses élèves. A la suite de celui-ci, les élèves choisissent de continuer l’école pour un A-levels (équivalent au baccalauréat) ou d’arrêter leur scolarité, obligatoire jusqu’à 16 ans. Mais faire des études supérieures en Angleterre, n’est pas à la portée de tous. L’école reste gratuite jusqu’à 18 ans, mais après, la facture devient salée : les frais de scolarité s’élève en moyenne à 8500£ soit 10950€. Son taux d’alphabétisation est plus bas que celui de la Russie avec 99,01%. On ne peut pas tout avoir dans la vie !

Prolongation : spécialités culinaires

Comparer la cuisine anglaise à la cuisine russe c’est un peu comme regarder LE match Allemagne/Brésil : pendant qu’un des pays subit, l’autre marque tous les points. Car nos voisins anglais ne sont pas les rois des fourneaux. Lorsque l’on demande de nommer leurs repas préférés, ce sont ceux à base de curry qui sont cités ! Car en Angleterre, ce n’est pas vraiment la nourriture qui fait la force de la Nation même si on leur envie leur crumble et leur fameux fish and chips.

Du côté russe, la diversité fuse. Les traditions culinaires sont différentes aux quatre coins du pays. D’origine paysanne, les plats traditionnels sont déclinés. On évite la friture et on privilégie la cuisson au four, à l’étouffé. Le pays étant principalement orthodoxe, les blinis crêpes épaisses servies lors de fêtes religieuses, constituent un repas très courant en Russie.

Egalisation de la Russie en fin de match !

Compte tenu de ces critères, le match fut plus serré que prévu. Maintenant, Il vous reste à choisir qui préférez-vous entre Poutine et Elisabeth II ! Sur cette phrase « quasiment inaudibles » comme l’aurait dit Hervé Mathoux, je vous souhaite un bon match quand même, et que le « meilleur » gagne !