Le développement des smart-cities en Europe (L.dussouchaud)

Le championnat d’Europe de football 2016 arrive à grand pas et chaque équipe se prépare pour ce tournoi quadriennal qui émerveille les passionnés du ballon rond et permet à tous de se retrouver autour d’un match de folie entre diverses équipes d’Europe. Cette année c’est bien nous, français, qui seront les hôtes de ce tournoi et il n’y aura plus d’excuses pour ne pas se déplacer au stade pour encourager notre équipe.

C’est depuis le 10 juin, que l’on inaugure cet évènement avec un match France – Roumanie, deux pays qui s’affrontent déjà depuis peu sur un match sur le plan économique et social, à travers le développement de leurs smart-cities.

Une nouvelle formation pour les villes européennes

Le terme smart-city est à la mode. Il couvre un large panel de définitions qu’il est important d’expliciter. Une ville est dite moderne lorsqu’elle a été pensée et construite avec des infrastructures intelligentes, écologiques et adaptables. Trois termes important qui régissent le bitume de demain et prépare le citoyen du futur à un confort durable et dans le respect de l’environnement. Les smart-city ce sont aussi des villes qui prônent l’informatique et les nouvelles techniques de l’information et de la communication comme secteur principal de leur activité. En effet, on compte de nombreuses entreprises du secteur du web et des nouvelles technologies, formant des ersatz de Silicon Valley mais avec tout autant de passion et de regard sur les technologies à venir. Citons par exemple Stockholm en Suède qui compte de nombreuses entreprises comme Spotify ou encore le studio de jeu vidéo Mojang, développeur du jeu Minecraft.

On trouve plusieurs villes en France avec un statut similaire. Des projets comme Le grand Lyon est un bel exemple du développement des smart-cities en France, mais ici sauce French Touch. Des projets de développement des infrastructures sont mis en place petit à petit comme les smart-grids, un réseau électrique intelligent ou la mise en avant de la gestion des transports avec le projet Opti’mod. La ville attire le développement de start-ups innovantes et développe l’économie de la ville autour du domaine du numérique.

Les villes intelligentes pullulent de plus en plus en Europe et c’est bien en Roumanie, premier adversaire de la France pour l’euro 2016, où l’on trouve également ces villes du futur. Cluj en est l’exemple parfait. C’est “l’eldorado de la sous-traitance informatique” comme le cite Paris-Match (sur un article dédié en 2014). Le secteur de l’informatique et du web y est beaucoup développé et des entreprises comme Bosch ou Iquest (société internationale spécialisé dans le big data) ont déjà fait financer leur projet à Cluj ou ont installé des filiales dans la ville car les développeurs sont nombreux et les coûts de production sont faibles. La ville a pour objectif de développer ses quartiers et le projet Cluj Innovation City montre bien l’intérêt d’en faire une ville innovante et High-Tech.

Concurrence et face à face

Les smart-cities vont donc bon train et leur développement en Europe ne cesse de s’accroitre. Si le secteur du numérique permet à l’économie de certains pays en développement de se développer, les villes comme Cluj souffrent du revers de la ville numérique. En effet, en focalisant la ville sur le développement de l’informatique et des nouvelles technologies, la ville délaisse d’autres secteurs et on retrouve par exemple des inégalités dans les subventions données par le pays concernant la médecine et l’informatique. Le salaire des informaticiens dépassent la moyenne du pays tandis qu’en médecine les étudiants subissent des pressions pour obtenir un diplôme et la concurrence est rude. La ville a même connu en 2015, une vague de suicides d’étudiants en médecine qui avait alors succombé aux pressions du secteur auquel ils évoluaient.

Les smart-cities ne font pas non plus l’unanimité en France et si leur développement est étendu, force est de constater que ces grands projets se font rarement dans des milieux ruraux de France. C’est bien dans les grandes villes développées comme Paris, Lyon ou Strasbourg que de tels projets de villes numériques sont mis en place. Le développement du numérique dans les grandes villes poussent les entreprises en province ou en campagne d’avoir recours à des prestations dans ces villes et ne permet pas à l’activité numérique locale de se développer. Ceci renforce le clivage autour du développement des grandes villes par rapport aux autres.

De plus, dans cette guerre des villes intelligentes, on ne parle pas ici de match nul, le secteur tertiaire y est assez étendu pour développer un marché en concurrence. Les barrières à l’entrée dans ce secteur sont très peu développées mais chaque pays tente de bâtir un empire de villes numériques. La France va par exemple jouer à l’extérieur et beaucoup d’entreprises informatiques se délocalisent à Cluj en Roumanie pour obtenir des avantages fiscaux. L’entreprise française Transycoms développe par exemple plus de 6000 sites par an, made in Cluj, à destination de clients du monde entier et à moindre coûts.

Un bilan en demi-teinte

Le numérique se porte bien. Il se place même au cœur de l’économie européenne. La preuve en est cette augmentation conséquente de projets autour de construction de villes intelligentes. Dans plusieurs pays d’Europe on retrouve des villes construites autour du numérique et de l’informatique et ceci permet d’améliorer les infrastructures et les conditions de vies des habitants.

Le développement des smart-cities est pourtant à double tranchant. Si le numérique est le nouvel eldorado de l’économie, les villes ne doivent pas pour autant délaisser les autres secteurs de l’économie et créer une économie à deux vitesses où les entreprises et startup du secteur tertiaire y sont privilégiées. Il est aussi important de privilégier l’expérience des villes intelligentes dans des endroits encore en développement plutôt que de privilégier les grandes villes déjà établies.

Les geeks se mettent au football (J.Bazire)

Ces derniers jours, notre société moderne avait triste mine avec son lot de scandales fiscaux touchant même les grands dirigeants sportifs. Face à ce recul de la démocratie égalitaire, les start-up du numérique sont bien motivées pour que le coq chante à nouveau et redorer le ballon rond.

Les grands évènements sportifs internationaux sont toujours une occasion de faire étalage des progrès du pays organisateur, et la France ne déroge pas à la règle. Pendant que nos dirigeants prennent des cartons rouges grâce aux Panama Papers, les entreprises françaises vont droit au but. Elles rivalisent d’ingéniosité et d’initiative pour impressionner le public européen.
La rencontre entre le numérique français et le monde de la finance du football débute avec l’engagement d’Orange. Le meneur des télécoms français prend ses aises sous le feu des projecteurs, et renouvelle son partenariat officiel avec la compétition cette année. Orange se partage le terrain de la téléphonie mobile avec les trois autres opérateurs, pour équiper du réseau 4G l’ensemble des stades. Rien de très transcendant, et cela n’inclut pas non plus un accès gratuit. En effet, les bornes Wi-Fi gratuites sont bien peu développées aux abords des stades, ni non plus aux centres des villes accueillant la compétition. En cette période où les sujets financiers sont délicats (surtout pour la FIFA), c’est une occasion ratée pour les opérateurs, cherchant avant tout à maximiser leurs profits.
Là où les grands conglomérats français préfèrent rester sur la touche, les start-up saisissent la balle au vol. Elles prennent des risques et tentent de révolutionner les systèmes d’affichage. PNI (Pôle Numérique International) multiplie les idées novatrices, notamment dans la projection d’images et le mapping en trois dimensions. Allant des écrans en forme de parachutes soutenant des chaussures à crampons aux tables interactives dans les stades, la société compte s’imposer comme le buteur du High-tech tricolore sur la scène européenne.
On peut noter, par exemple, mettant à l’honneur l’ensemble des pays participant à la compétition, la projection à 360 degrés sur un ballon de cinq mètres de diamètre. Les applications possibles de ces installations sont multiples : diffusion des plus beaux buts du match ou encore, des actions décisives des étoiles montantes de chaque équipe. Une telle initiative est applicable dans de nombreux domaines, et pas seulement sportifs. Mais une fois de plus, les bonnes occasions ne payent pas toujours, ou plutôt elles serviront à faire payer. En effet, la plupart de ces supports sont destinés aux sponsors des clubs et non aux exploits sportifs. Ces projets sont donc à la fois très novateurs et créatifs, mais ne peuvent se détacher des réalités du terrain.
La concurrence européenne reste cependant forte dans ce tournoi. Panini, leader des cartes à collectionner de football depuis 1960, est toujours à la pointe de la technologie de son secteur. Il développe depuis la dernière coupe du monde des applications de réalité augmentée afin de rendre leurs cartes plus interactives. Le collectionneur peut alors, à l’aide de son smartphone, interagir avec la représentation en trois dimensions de son joueur favori, le faire jongler ou encore faire des parties de coups francs contre l’équipe adverse. Ces technologies sont toujours en développement, mais progressent régulièrement vers leur but. La concurrence est donc bien présente, favorisant la créativité de ces concepteurs. Les techniques d’images se multiplient, tout en accroissant l’interactivité avec le public cible, surtout grâce à la réalité augmentée.
Cette technique révolutionnaire permet d’intégrer au monde réel des éléments virtuels, et sera même à la base des retransmissions des matchs dans un avenir proche. Les rencontres seront filmées en 360°, et chaque spectateur muni d’un smartphone et d’un support en carton tel que le Google Cardboard pourra assister au match depuis son canapé, comme s’il était sur le terrain. Les stades pourront être visités depuis notre cuisine. Cette technologie est déjà présente sur nos téléviseurs, à travers des incrustations en direct (ligne de hors-jeu, cercles qui entourent des joueurs sur des palettes), qui fonctionnent assez bien.
Pour prendre exemple sur le modèle américain, Microsoft met actuellement au point une paire de lunettes autorisant la génération d’hologrammes autour de l’écran. Les statistiques du joueur et ses plus belles actions se développent alors sur notre table basse, permettant d’évaluer la performance sous toutes les coutures. Cependant, ce dispositif reste aujourd’hui hors de portée pour le grand public. Les premiers casques à disposition du grand public sont difficilement abordables (le premier prix est à 700€). C’est encore une pratique qui relève de la science-fiction : les supporters de canapé ne célébreront pas les buts aux côtés de la réplique virtuelle de leur attaquant favoris de si tôt. Cette technologie a encore du chemin à faire, mais préparons-nous à vivre ce type d’expérience dans les années à venir.
Les start-ups dominent donc grâce à leurs innovations et leurs initiatives, mais se font rattrapées par la dure réalité financière imposée par les structures du football actuel. Et même si les capitaines de la FIFA sont mis à mal suite aux Panama Papers, l’utilisation commerciale de ces innovations est inévitable. Doit-on s’en réjouir ou le déplorer ? Il faut quand même garder à l’esprit que ces sources de revenus sont garanties et sont le moteurs principal de l’innovation dans notre société. Cependant, les nouvelles possibilités offertes par la réalité augmentée permettrons sûrement aux spectateurs de profiter au mieux
et d’une manière plus immersive leurs rencontres favorites.