Nimis Groupe et tant d’autres…

 

Côté musiques, beaucoup de musiciens ou d’institutions n’ont pas attendu la crise migratoire pour ouvrir leur pratique et leurs concerts à des genres et des formes venues d’ailleurs, faisant découvrir ou expérimenter à leurs publics la richesse de la diversité¹Le programme « Le monde en scène » du CBAI, Centre bruxellois d’action interculturelle est une de ces initiatives prises de longue date (2005) en matière de rencontre des musiques et des musiciens venus de tous les horizons.  www.cbai.be /Les opéras ne sont pas en reste. Nous songeons à la production Sinbad proposée il y a peu par la Monnaie, un spectacle monté avec 250 enfants et qui évoquait la guerre et l’exil. Nous songeons aussi aux projets développés en région PACA par le Festival d’Aix-en-Provence dans le cadre de son département Passerelles – dont le remarquable Minotaure présenté en juillet 2015 à Aix, Londres et Berlin et repris récemment à l’opéra de Lille – et dans le cadre de sa programmation générale. www.festival-aix.com. En lien avec l’actualité récente en matière de migration, Muziekpublique, association qui défend et promeut les musiques du monde, a réuni une vingtaine de virtuoses réfugiés de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan, du Pakistan, du Tibet. Elle a organisé plusieurs concerts et réalisé un enregistrement avec ces musiciens en exil. Le dernier Festival Musiq3 évoqué dans un article de cette publication a accueilli plusieurs de ces musiciens comme d’ailleurs les autres branches du Festival de Wallonie²Le Festival du Brabant wallo a proposé le concert Refugees for Refugees le 9 septembre dernier dans l’Abbaye de Villers-la-Ville.. Résistance en acte puisqu’elle efface l’image du migrant pour reconnaître hors des questions d’identité et à l’instar des autres musiciens, leurs seules qualités d’instrumentistes³http://www.muziekpublique.be.

Le Festival d’art de Huy, édition 2016, a offert la scène à « celles et ceux qui marchent des jours entiers pour trouver refuge ». Développé en collaboration étroite avec Muziekpublique et le Musée communal de la ville, le parcours musical proposait de construire des ponts sonores entre les musiciens réfugiés de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan, du Kazakhstan, du Tibet, et les différentes traditions dont ils sont issus. Souhaitant porter leur voix, ce projet s’est voulu un symbole de mixité et de rencontre des cultures. Il a associé le 70^e anniversaire de l’immigration italienne, une manière de rappeler que les migrations ne sont pas d’aujourd’hui⁴www.huyartfestival.be.

Côté lettres, dans le cadre des Midis de la poésie et en collaboration avec Passa Porta, La Bellone et la Maison du spectacle, le récital Migrations a évoqué en mars dernier, aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique⁵http://www.midisdelapoesie.be, le voyage des hommes et des femmes « qui quittent un pays de souffrance dans l’espoir d’une vie meilleure » – avec Laurence Vielle et Geneviève Damas, comédiennes et écrivaines et la participation du musicien Didier Laloy. Laurence Vielle, actuelle poète nationale, a passé plusieurs jours dans des permanences de la Cimade, centre d’accueil qui défend la dignité et les droits des personnes réfugiées et migrantes. Geneviève Damas est partie pendant une semaine à Lampedusa où elle a recueilli, observé, écouté. Elle a publié des chroniques dans Le Soir. Comme le site de Passa Porta le précisait dans la présentation du récital « Le travail de Laurence Vielle comme celui de Geneviève Damas est souvent à la frontière du documentaire et d’une écriture poétique. »⁶http://passaporta.be/fr/agenda/partir-recital

Plus loin, sous le titre « Reporting from the Front », la Biennale d’architecture de Venise 2016 met l’accent sur les concepts et les innovations destinées aux populations défavorisées, aux réfugiés. Il y est donc question des luttes d’aujourd’hui, de l’inégalité dans les métropoles, de la pauvreté et de l’absence de cohésion au sein de la société.