Nimis Groupe et tant d’autres…
En France, les initiatives issues du monde culturel et associatif se sont focalisées sur Calais et sa jungle pour en dénoncer l’inhumanité et témoigner de ce qu’au cœur de l’impossible, hommes et femmes peuvent encore créer, inventer, faire du théâtre ou de la danse. Citons Le blog de la dessinatrice Lisa Mandel et de la sociologue Yasmine Bouagga intitulé « Nouvelles de la jungle »1http://lisamandel.blog.lemonde.fr/ Voir aussi l’entretien avec Lisa Mandel dans Archipels #1, p. 74., et le mouvement Non-lieux de l’exil, initiative scientifique dirigée par Alexandra Galitzine-Loumpet et Alexis Nuselovici (Nouss), qui multiplie les activités de recherche, les rencontres et les colloques.
Que penser de tout cela ? Comment penser tout cela ? Ces propositions témoignent de la sensibilité des acteurs culturels et des artistes à la question migratoire et de leur volonté de la dire avec leurs moyens spécifiques. Elles témoignent de la puissance de l’art pour dire, autrement, la réalité du monde. Pour autant, si ces œuvres ou ces propositions artistiques contribuent à des prises de conscience voire à une mobilisation active des publics, si elles créent des solidarités nouvelles, elles sont bien impuissantes à inverser le cours politique des choses. Car c’est de ce côté que se situe la première et l’ultime responsabilité : travailler, à tous les niveaux, pour régler pacifiquement, les conflits infernaux – au sens strict – qui jettent des centaines de milliers d’humains sur les routes de l’exil et accueillir de manière digne ceux et celles qui demandent l’asile. Nous en sommes loin. L’indignité prévaut. Les replis, les égoïsmes et les bombes couvrent aujourd’hui la voix de ceux qui veulent la paix et la démocratie2Rappelons ici les brochures éditées par Amnesty International (dont le Bienvenu largement distribué en avril 2016) et par le Ciré, pour déconstruire les préjugés à propos des réfugiés./https://www.amnesty.be/refugies//https://www.cire.be/tag/exils.
Contre toute attente, au cœur de la guerre, une figure parmi tant d’autres incarne par contraste la puissance symbolique de l’art et de l’artiste. La Libre Belgique dressait il y a peu le portrait d’Ahmad Joudeh, danseur syrien de 26 ans qui faute d’avoir pu quitter Damas résiste, avec son art. Il danse partout dans l’espace de la ville. Malgré les menaces qui pèsent sur lui, il danse pour honorer les morts et « rester vivant face à la barbarie »3La Libre Belgique, vendredi 26 août 2016, p. 2.
Il nous reste à résister à notre manière, « à danser » là où nous sommes.
- Sabine de Ville est présidente de l’association Culture & Démocratie.
- Illustration / Céline De Vos – Couloir d’attente, centre 127 bis.
↑1 | http://lisamandel.blog.lemonde.fr/ Voir aussi l’entretien avec Lisa Mandel dans Archipels #1, p. 74. |
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↑2 | Rappelons ici les brochures éditées par Amnesty International (dont le Bienvenu largement distribué en avril 2016) et par le Ciré, pour déconstruire les préjugés à propos des réfugiés./https://www.amnesty.be/refugies//https://www.cire.be/tag/exils |
↑3 | La Libre Belgique, vendredi 26 août 2016, p. 2 |