Nimis Groupe : chemins parcourus
Mars 2009 – Entre Liège et Rennes, le projet Prospero
Dans le cadre d’un projet associant six théâtres européens (dont ceux de Liège et de Rennes) et reprenant un volet dédié à la formation des jeunes acteurs (qui, lui, inclut l’École supérieure d’acteurs – Esact – de Liège et l’École supérieure d’art dramatique de Rennes), des échanges se mettent en place. Des étudiants rennais viennent à Liège et, même s’ils ne travaillent pas avec les étudiants liégeois dans le cadre des cours, des liens se tissent dans les couloirs, la cafétéria et les bars. L’idée d’un éventuel projet commun germe. Un peu plus tard, six jeunes Liégeois se rendent à leur tour auprès de six de leurs homologues rennais…
La question de base était notre compréhension de l’Europe en tant que jeunes citoyens. Un concept qui peut être abstrait… À Paimpol en Bretagne, on a passé un weekend à discuter d’un questionnaire qui nous avait permis de nous poser deux questions principales : « Qu’est-ce que l’Europe ? » et « Que veut-on que notre spectacle soit ? »
– Yaël Steinman
On n’avait pas la même vision de ce qu’on pouvait faire de cette matière. C’étaient aussi des choix liés à des théâtralités très différentes. Une vision était d’interroger les politiques migratoires et économiques de l’Union ; ce qui impliquait un travail documentaire énorme sans théâtralité immédiate. Et, de l’autre côté, une vision peut-être séduisante de la multiculturalité européenne (les 12 étoiles – on était 12 dans le groupe –, l’Eurovision, etc.) Un théâtre peut-être très chouette à faire, mais… hum… [silence éloquent]
– Romain David
Avril 2011 – le « schisme »
Malgré l’impulsion initiale à tenter de faire du théâtre ensemble, le groupe bute sur son éclatement géographique (la difficulté de se voir régulièrement, les frais de transport) mais, surtout, sur un choix à faire – à la croisée de deux chemins – entre deux approches et deux théâtralités très différentes du sujet de départ. Marqués entre autres par l’expulsion récente des Roms de différents pays européens, cinq Liégeois et deux Rennais affirment clairement la direction qui les motiverait à s’investir sans compter pour les années à venir : celle d’un théâtre documentaire qui se frotterait à la réalité complexe des questions migratoires.
La séparation est venue au bout d’un an, lors de la rédaction d’un dossier de demande de résidence qui nous a obligés à préciser de quoi on voulait vraiment parler. Souvent, les étapes de production poussent à clarifier les choix artistiques et théâtraux.
– Anne-Sophie Sterck
Je voulais bien passer du temps à rédiger les dossiers pour essayer de financer les recherches de Nimis mais, alors, il fallait que la direction prise m’intéresse et me motive vraiment. Un jour, j’ai envoyé un mail [proposant d’opter pour un théâtre documentaire consacré aux questions migratoires] et les réponses ont été très claires. Le groupe s’est séparé.
– Sarah Testa
Hiver 2010/Toujours en cours –
Un théâtre de recherche, une recherche parfois sans théâtre
Choqués par les événements récents de l’actualité, interloqués par chaque pièce du puzzle qu’ils découvrent, les sept acteurs se lancent donc dans un long travail d’investigation fait de lectures de textes législatifs et de livres [précisions ailleurs dans ces pages], de rencontres avec des experts, des acteurs de terrain, des militants et des associations du secteur (le Ciré, Getting the Voice Out1Voir Archipels #1, p. 56., etc.) L’obscure agence qui coordonne la gestion des « frontières extérieures » de l’Union européenne (Frontex) et tout le pan économique de la question, les liens avec les industries de la surveillance et de l’armement sont en première ligne de leurs interrogations…
↑1 | Voir Archipels #1, p. 56. |
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